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    Le Printemps d'Alterac - Genèse

    Aloyse Pérod
    Aloyse Pérod
    Augur


    Messages : 183
    Date d'inscription : 18/08/2011

    Le Printemps d'Alterac - Genèse Empty Le Printemps d'Alterac - Genèse

    Message  Aloyse Pérod Sam 17 Sep - 10:26

    Le Printemps d'Alterac - Genèse A10

    Le Printemps d'Alterac - Genèse Image110
    L’homme resserre les pans de son manteau, dressé sur l’éperon rocheux qui domine le plateau montagneux. Volettement doux de la neige qui a recommencé à tomber dans les Montagnes d’Alterac, signe que les beaux jours sont définitivement derrière eux. L’homme, grand et musculeux, s’affaisse ; son genou droit heurte la pierre comme si un poids imaginaire faisait pression sur ses larges épaules. Son profil busqué reste relevé, les prunelles fixes sur le fiasco en contrebas.

    La combe mouchetée de blanc est traversée en son centre par un ruban de moire du rouge le plus vif, une incision sanguinolente dans le paysage déjà escarpé de cette région de Lordaeron. En amont de l’épanchement, un brouillard roux et mouvant recouvre l’ancien campement. Et si depuis son observatoire, l’homme ne distingue aucun détail qui pourrait ralentir ses pulsations cardiaques, il sait qu’il ne reste rien de vivant sous les miasmes. La pointe d’une bannière haïe dépasse de la brume corrosive ; provocation et avertissement.

    Il grommelle dans sa barbe pailletée de flocons et s’en retourne vers la dizaine d’hommes prostrés qui patiente non loin. Dépenaillés, têtes rentrées dans les épaules, tiraillés entre colère et accablement, ils relèvent leurs museaux vers celui qui s’impose comme leur chef.

    "Du sale boulot…Va falloir le prévenir…" Il marque une pause en dévisageant la poignée de soldats qu’il lui reste puis reprend d’une voix sifflante. "On brûle tout avant que le vent se lève et on rentre au bercail. Allez, au trot mes mignons !"

    Quelques protestations, ricanements moqueurs ou mines affligées et les hommes s’animent et s’organisent. Les chevaux sont harnachés pendant que trois silhouettes longues et maigres s’avancent au bord de la falaise, adjoignant leurs incantations pour embraser les derniers vestiges du campement.

    Le Printemps d'Alterac - Genèse D10


    C’est un Manoir à encorbellement qui s’avance au fur et à mesure de ses trois étages. Soutenu par des poutres obliques, son toit lui donne l’impression de pencher dangereusement en avant. Le rez-de-chaussée est en pierre, l’entrée gardée par une cour intérieure aux pavés irréguliers. Le reste de l’habitation s’élève en torchis ocre et colombage apparent. Le ciel tourne et fuit. La neige tombe à longs traits de charpie, tuiles et briques du logis poudroient. Blanc comme un mort.

    Pour y parvenir, il faut grimper longtemps, à pic. L’entrée même du sentier qui y mène est un secret jalousement gardé par les occupants. De là lui vient son nom de Perchoir. Une fois les premiers massifs passés, le chemin débouche sur un pré qui se courbe vers une combe molle. La maison est là, avec de la lumière au joint des volets.

    Les larges ouvertures et fenêtres à croisillons des étages laissent présager de la nature touristique de l’habitation. Et si ce lieu de villégiature semble accueillant et confortable, on remarque rapidement les fenêtres condamnées du rez-de-chaussée, comblées par des gravas. Ce qui était un jardin d’agrément n’est plus qu’un terrain piétiné et brûlé par le passage récurrent des bêtes et des hommes. Lovées contre le flanc de l’habitation, des tentes s’enflent et s’apaisent selon que le vent s’en joue. Plus loin, un terrain d’entrainement a été aménagé avec nombre de mannequins et de cibles propre aux jeux militaires. Sur la pente douce qui mène au Manoir, un jardin en terrasse se devine, longs sillons de terre bêchée et retournée qui se préparent à l’hiver.

    Au-dessus de la porte, accrochée à une solive en saillie, un antique étendard aux couleurs du Royaume d’Alterac flotte sous la main plate du vent. A l’intérieur, les pièces sont larges et sombres, avec des planchers d’un chêne infléchi par le poids des ans. Un escalier de marbre cassé aux marches relevées tournoie en spirale ascendante vers le cœur du logis.

    Le Perchoir, le dixième jour du neuvième mois de l’an 31

    Monseigneur,

    J’ai chargé McRide de vous faire parvenir cette missive au plus vite. Croyez bien que je ne me serais pas permis pareille audace si les circonstances ne l’exigeaient.

    Je vous faisais part dans mon dernier rapport de l’avancée prometteuse de l’opération, et je dois maintenant vous avertir que tout n’est plus que cendres. Une incursion musclée de ses salopards de Réprouvés ont réduit à néant nos installations. Il a suffit d’une nuit pour que vingt de nos meilleurs bretteurs ne succombent, pour des pertes négligeables dans le camp adverse. Les morts ont investi le campement une heure avant l’aurore il y a deux jours. C’a été un carnage, ils ont tout dévasté sans chercher à comprendre. Nous pouvons raisonnablement espérer qu’ils ne retourneront pas nos armes contre nous.

    Il est difficile de maintenir nos hommes sur le pied de guerre, nous avons à faire face à plusieurs désertions, en plus des menaces qui se multiplient. Pour ceux qui restent, le doute s’installe quant aux raisons de notre présence au Perchoir, et au bien-fondé de notre entreprise. Ce sont des hommes rudes et habitués à travailler en conditions limites, mais je crains qu’on atteigne rapidement le point de non retour. Une prime pourrait suffire à les requinquer et à nous donner un peu plus de temps. Car c’est bien le temps qui nous fait défaut.

    Malgré ce revers cuisant et le moral en berne de nos troupes, je reste certain que la fortune finira par nous sourire. Nous avons un besoin urgent de renforts et de matériel. Ci-joint le rapport complet de l’incident, avec les pertes tant humaines que matérielles.
    J’ai rapatrié nos hommes au Perchoir et nous attendons maintenant vos directives.

    Votre dévoué serviteur,
    J.S.
    Aloyse Pérod
    Aloyse Pérod
    Augur


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    Date d'inscription : 18/08/2011

    Le Printemps d'Alterac - Genèse Empty Re: Le Printemps d'Alterac - Genèse

    Message  Aloyse Pérod Sam 24 Sep - 11:57

    Le Printemps d'Alterac - Genèse Cg10

    Le Printemps d'Alterac - Genèse Sir_ku10
    « Il est meilleur d’être impétueux que circonspect, car la fortune est femme, et il est nécessaire, à qui veut la soumettre, de la battre et de la rudoyer. »
    (Nicolas Machiavel)

    « Vous ne dormez plus. »
    La voix est chaude, assurément féminine. L’homme qui s’incline, une main sur le cœur et l’autre dans son dos, a, somme toute, un physique plutôt quelconque ; cheveux de jais coupés aux épaules, taille légèrement inférieure à la moyenne, le nez un peu long, les yeux caves. Pourtant de cet homme émane un magnétisme serein. Son visage exprime une intelligence tempérée, son attitude une force tranquille. Il agit avec simplicité et élégance. D’une voix posée, légèrement râpeuse :
    « On s’y habitue. Merci d’être venue si vite. Puis-je vous proposer un verre de vin ? – Un excellent cru que je fais venir directement de Dalaran. »
    La femme incline la tête, mouvement aussi sec que protocolaire. Une beauté fanée, trop éclatante encore pour que l’homme ne détourne pas les yeux.
    « Je ne bois plus.
    - Ainsi vous dormez et je bois. »

    Il émet un rire silencieux, nimbé d’un parfum complexe aux fragrances aussi légères qu'entêtantes. Il évoque Alterac, la perte de ses officiers, les méthodes de leurs ennemis, son incapacité à mener des hommes au Nord tout en réglant ses affaires à la Capitale. Il ne triche pas, ne ment pas.
    La femme s’immobilise, frappe deux fois de son lourd bâton contre le sol comme pour imposer sa présence. L’herbe humide étouffe son autorité, mais l’homme saisit, et attend. Il sait le changeant de la Dame des Carmines, il a appris l’incohérence de sa scansion. Prisonnière de trop de gestes dans son carcan d’étoffes, elle sourit.
    « Lordaeron est aux mains des Réprouvés, en quoi cela me con-…Mmh » Son attitude change, elle devient méfiante, une lueur d’inquiétude naît à la source de son regard.
    « Pourriez-vous me refuser votre aide ?
    - Non non non. Je sais ce que vous cherchez, Messire Deltore, et c’est non !
    - Vous le savez ?
    - Oui. Un troupeau pour vous donner du temps et un point de départ.
    - Vous êtes une femme admirable.
    - Je suis une femme agacée.
    - Qui sont-ils ? »

    Derrière la femme altière un adolescent avec un rubis autour du cou se retranche. La malice se lit dans le regard juvénile, sa présence est aussi dérangeante que l’air halluciné de la Dame des Carmines.
    Le Printemps d'Alterac - Genèse G10

    Le ciel est noir comme le fond d’une gorge qui bâille. La vaine rumeur des vies égarées monte peu à peu des faubourgs de Hurlevent, les ombres s’affolent sous les toitures.
    Dominant la ville, le Donjon de pierres blanches veille sur la ville endormie. A l’arrière de la forteresse spectrale, un spacieux bureau couvert d’une voûte complexe s’ouvre sur le parc par une colonnade. Depuis la balustrade de pierre sculptée où une femme semble rêvasser, on embrasse le tracé géométrique des allées, les berceaux de verdure où des statues de marbre montent une garde intemporelle. Grande et fine, mollement appuyée sur ses coudes, elle semble faite du même matériau, si ce n’est la lueur hypnotique de ses prunelles d’émeraude.

    « Alors, Antonia, qu’en pensez-vous ? »
    La femme se redresse et se retourne, les gestes fluides et maniérés de ceux qui savent attirer les regards et les convoitises. Silban Deltore, quatrième du nom, est là, assis dans ce large fauteuil au dossier vertigineux, prodige d’ébénisterie. Derrière lui, le feu qui brûle et ronronne dans l’immense cheminée dispense une agréable tiédeur et fait danser d’inquiétantes formes dans les recoins du vaste bureau. Sur les murs, les tentures s’éveillent, parcourues de reflets dorés, les tableaux prennent vie aux rougeoiements des flammes.

    Main sur la hanche, talons qui battent la mesure contre le dallage, elle pénètre dans le bureau en coulant un regard équivoque à l’homme qui la dévisage, entretenant le temps d’une interminable seconde un petit effet d’attente comme si elle savourait une quelconque plaisanterie.
    « Je pense qu’armer ces gens est aussi sensé qu’envoyer un pyromane muni d’une torche dans un grenier à foin. » La sémillante collaboratrice lâche un rire aigu et douloureusement tranchant. « Le pari est risqué, Monseigneur. A court terme, ils satisferont vos espérances. A long terme, vous êtes peut être en train de déclencher la bombe qui explosera entre vos mains. »

    Un verre de vin à la main, il décrit de légers mouvements circulaires du poignet – répétitifs d’être nerveux. Le liquide grenat danse dans sa cage de cristal, menace de se répandre sur les précieux tapis. Silban finit par répliquer.
    « Je ne suis pas stupide. J’ai mis des sécurités. »
    - Suis-je l’une d’elles ? »
    Avec un sourire teinté de frivolité elle effleure le poignet de son hôte.
    « Non. Il ne faut pas que vous vous mêliez de ça. Et je me dois d’insister. » Il y a aussi de la nervosité sous la sécheresse du ton.
    « Dans ce cas, pourquoi me demander mon avis, Monseigneur ?
    - Vous avez l’œil acéré pour repérer les brebis galeuses.
    - Ils sont comme vous l’espériez. Dame Lilac ne vous a pas trompé. Ils sont fébriles, et prêts à courir les risques que vous leur imposerez. Il est évident que c’est la perspective de reformer un groupe armé qui les motive, mais leur désir de combattre dans le Nord est, je le crois, sincère. Ils serviront avec zèle. Le danger couve à long terme.
    - L’homme ne me semble pas fourbe, mais ses silences me dérangent et sa fausse apathie me trouble. La femme est comme je l’imaginais. Sa jeunesse sera le défaut de l’armure.
    - Je ne sais s’il est judicieux de mettre tant d’espoir sur les épaules de ces gens. Leur réputation n’est guère bonne, en ville. Cela vous desservira.
    - Ils n’ont plus rien à perdre. Pour nous, c’est une bonne chose.
    - On dit que ce sont des parvenus. Des belliqueux. Que leur Foi déviante n’est que la couverture qui cache la misère de leur condition. »
    Un sourire de loup flotte sur ses lèvres lorsqu’elle prend place dans un fauteuil capitonné près de l’âtre. Jambes croisées, l’un de ses pieds se met à battre impatiemment la mesure sous le pli élégant de la robe.

    « Les hommes ne savent être ni totalement bons ni totalement mauvais. Je ne suis pas inquiet quant à ma réputation. Je pourrais même être remercié d’avoir écarté ces indésirables de la cité. » Il marque une pause, le temps de savourer une nouvelle gorgée de son délicieux nectar à la robe tuilée. « Nous n’avons pas le temps de pérorer. Trop d’affaires me retiennent ici pour que je puisse encore faire front au Perchoir. Ils sont prêts, nous le sommes. »

    «Comment les choses vont-elles se dérouler, maintenant ?
    - Ils doivent me soumettre leur projet d’ici la fin de semaine. Ils ont émis l’idée d’une Compagnie militaire indépendante, dont je fournirais l’emblème. Ca me semble tout à fait adapté et suffisamment souple pour répondre à nos exigences comme aux leurs. Mais je dois également assurer mes investissements…Prévenez Mc Ride, qu’il les accompagne jusqu’au Perchoir pour se rendre compte de la situation, et qu’ils règlent la première affaire. Et envoyez une missive au Sergent, qu’il leur réserve un accueil digne de ce nom.
    - Cette Compagnie aura un nom ?
    - Le Printemps d’Alterac.
    - Audacieux...Pourquoi pas. Autre chose, Monseigneur ?
    - Oui. Invitez Haneath à dîner, ici, demain soir.»

    La sardonique Antonia se relève, les yeux plissés d’ironie.
    «Ce sera fait, Monseigneur.»

    Une aube blanche monte lentement au-dessus de Hurlevent, irisant les tuiles humides de rosée comme les reflets d’une opale. Au Nord, le vol anguleux d’un rapace a rayé le ciel et son cri rauque grince dans l’espace.


      La date/heure actuelle est Mer 8 Mai - 0:31