Le soleil ne tapait jamais - ou rarement en été. Je disais qu'il se cachait car je l'effrayais, mon père me répondait alors que j'avais raison. Avec du recul, je crois qu'il me mentait. Je n'ai toujours connu que l'air glacial de Mes terres, seul le Brûlant de Cabestan m'a un jour réchauffé le dos. Celui de Hurlevent est trop instable, trop tapant, trop absent, pour arriver à soulager n'importe quelle échine. Au Perchoir, il est trop glacial, et s'il se montre, il n'a pas la force de faire fondre la neige. Pourtant, les montagnes s'étirent pour le toucher, et ce sont celles qui en profitent le moins.
J'ai un soleil dans le ventre. Et je vomis de la lave. J'ai la gorge brûlée et aucun son n'en sort. Je ne pourrais pas avaler un truc d'ici un moment. Mon lit transpire, et j'y boue. C'est impossible de dormir, l'idée paraît trop lointaine pour pouvoir la toucher. Elle est un peu comme le soleil et la montagne, plus je m'en rapproche, plus elle s'éloigne. Puis, progressivement, tout mon corps s'enflamme. Je suis un brasier géant, mes veines sont en ébullition et bientôt mes muscles ne seront plus que des braises. Le sang agit comme un poison.
J'ai les yeux grands ouverts et je suis bien plus que réveillé. Un sifflement et, les draps se froissent. De la soie caresse toute ma jambe. J'entends des voix, elles résonnent dans mon crâne et refusent de s'évaporer. Je suis un cheval harnaché auquel on donne mille ordres sans que je puisse n'en exécuter aucun. Et la soie enlace à présent mon tibia. Il n'y a que des tambours autour de moi. Ils frappent mon crâne. J'arrive à distinguer la voix de ma mère. Puis celle de mon père. Puis celle de mille personnes. J'ai des nuages plein les yeux. Mes parents arrivent à me hanter, même loin. Je prierai pour eux au réveil.
La prise de la soie est insupportable. Et je me décide à la chasser. Je lève le drap. C'est un sans-jambe, vert comme la forêt, exotique comme la jungle, infini comme la mer. Il ouvre grand la gueule pour me laisser admirer ses quatre dards à venin. Ses arcades mordent ses yeux, et dans cette expression agressive, j'y retrouve une touche d'Ikraëm. Je la tuerai à mon réveil.
J'ai dormi avec des araignées. Elles m'ont même arraché le cou avec leurs crocs. Je ne pensais pas avoir un jour à faire à une bête de ce genre, surtout dans ma chambre, surtout dans les montagnes. Je l'entends, l'Araignée, elle me parle plus distinctement que mes parents. Elle me parle de son oeuf, celui qui va bientôt éclore. Ca bouille dans mon sang, et ça bat dans mon coeur. Je murmure une réponse – rien ne sort de ma gueule. Mais ça a réveillé le serpent, il lâche ma jambe. Il plante ses dents venimeuses dans mon mollet, et s'évapore. Le poison agit dans le sang, et m'engourdit. Il m'engouffre.
Au réveil, le tissu tapissé de sang était le dernier vestige de la morsure.
Le sommeil ne venait jamais rapidement – ou rarement. Que ce soit sur mes Terres ou Cabestan, les nuits ne sont douces qu'en bonne compagnie.
J'ai un soleil dans le ventre. Et je vomis de la lave. J'ai la gorge brûlée et aucun son n'en sort. Je ne pourrais pas avaler un truc d'ici un moment. Mon lit transpire, et j'y boue. C'est impossible de dormir, l'idée paraît trop lointaine pour pouvoir la toucher. Elle est un peu comme le soleil et la montagne, plus je m'en rapproche, plus elle s'éloigne. Puis, progressivement, tout mon corps s'enflamme. Je suis un brasier géant, mes veines sont en ébullition et bientôt mes muscles ne seront plus que des braises. Le sang agit comme un poison.
J'ai les yeux grands ouverts et je suis bien plus que réveillé. Un sifflement et, les draps se froissent. De la soie caresse toute ma jambe. J'entends des voix, elles résonnent dans mon crâne et refusent de s'évaporer. Je suis un cheval harnaché auquel on donne mille ordres sans que je puisse n'en exécuter aucun. Et la soie enlace à présent mon tibia. Il n'y a que des tambours autour de moi. Ils frappent mon crâne. J'arrive à distinguer la voix de ma mère. Puis celle de mon père. Puis celle de mille personnes. J'ai des nuages plein les yeux. Mes parents arrivent à me hanter, même loin. Je prierai pour eux au réveil.
La prise de la soie est insupportable. Et je me décide à la chasser. Je lève le drap. C'est un sans-jambe, vert comme la forêt, exotique comme la jungle, infini comme la mer. Il ouvre grand la gueule pour me laisser admirer ses quatre dards à venin. Ses arcades mordent ses yeux, et dans cette expression agressive, j'y retrouve une touche d'Ikraëm. Je la tuerai à mon réveil.
J'ai dormi avec des araignées. Elles m'ont même arraché le cou avec leurs crocs. Je ne pensais pas avoir un jour à faire à une bête de ce genre, surtout dans ma chambre, surtout dans les montagnes. Je l'entends, l'Araignée, elle me parle plus distinctement que mes parents. Elle me parle de son oeuf, celui qui va bientôt éclore. Ca bouille dans mon sang, et ça bat dans mon coeur. Je murmure une réponse – rien ne sort de ma gueule. Mais ça a réveillé le serpent, il lâche ma jambe. Il plante ses dents venimeuses dans mon mollet, et s'évapore. Le poison agit dans le sang, et m'engourdit. Il m'engouffre.
Au réveil, le tissu tapissé de sang était le dernier vestige de la morsure.
Le sommeil ne venait jamais rapidement – ou rarement. Que ce soit sur mes Terres ou Cabestan, les nuits ne sont douces qu'en bonne compagnie.