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Guilde roleplay - Royaume Kirin Tor

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    Le Rêve: leçons et déambulations

    Akhal
    Akhal


    Messages : 59
    Date d'inscription : 23/09/2011

    Le Rêve: leçons et déambulations Empty Le Rêve: leçons et déambulations

    Message  Akhal Sam 19 Nov - 23:58

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    Tout était nuancé de vert. L'herbe était dense sous son pied, et il surplombait une série de cascades impressionnantes. Il n'arrivait pas à situer ce lieu et n'osait pas demander à l'elfe qui l'accompagnait où ils se trouvaient. Sa forme onirique était toujours vêtue de l'uniforme et du tabard et bien que son image se trouble par moments, comme si les particules qui composaient son image dans ce lieu irréel – l'était-il vraiment? - s'écartaient l'une de l'autre puis se rapprochaient pour à nouveau former un ensemble cohérent, il arrivait à tout ressentir, globalement: les plantes caressant ses chevilles, le vent, fort à cette altitude, qui pourtant ne le forçait pas à se braquer pour ne pas perdre l'équilibre, les gouttelettes qui lui parvenaient malgré la distance qui le séparait des rivières et des chutes. Les oiseaux piaillaient et un chant résonnait, en fond, émanant du sol comme du ciel. La voix était grave mais douce, et elle semblait être plutôt un murmure qu'un chant véritable. Ça ne durait jamais longtemps, quelques secondes tout au plus, et chaque fois qu'il levait la tête pour écouter, le vieux druide le lui faisait remarquer. Plus bas, dans l'eau, on pouvait distinguer dans l'étang où les cascades finissaient une forme énorme.

    Mais quelque chose clochait.

    L'herbe était fanée et sèche. Les plantes étaient mourantes et le vent amenait avec lui une odeur de putréfaction désagréable. Les gouttes lui semblaient acides et la forme, sous l'eau, lui apparaissait cauchemardesque. Et ces sensations se faisaient plus douloureuses quelques instants, juste après avoir entendu ces éclats de voix, ces fragments d'une chanson. Pourtant, son mentor, lui, ne semblait pas dérangé. Au contraire, il commença à prendre la parole, et Akhal, par crainte d'être irrespectueux ou bien que tout ça fût normal, fit taire ses inquiétudes et l'écouta, religieusement.

    «Le Rêve n'existe pas depuis toujours, jeune Akhal. Même avant les dragons, il n'était là; c'est en naissant qu'Ysera y fût liée. La Maîtresse des songes porte bien son nom: ici, elle règne. C'est à la fois celle qui peut façonner ce monde, le modifier, et celle qui maintient sa cohésion. Les dragons verts gardent un lien très étroit avec le songe. Certains ont même été corrompus lorsque le Rêve le fût aussi. Viens, maintenant. Je vais te montrer..»


    L'elfe fit un signe, et alors qu'en réalité il aurait dû changer de forme, ici, ce fût un corbeau qui répondit à l'appel et posa ses énormes serres sur les épaules du druide. Celui-ci attrapa Akhal sous les épaules et, sans un mot, l'énorme volatile décolla et il sembla au gilnéen que le temps – notion tout à fait abstraite ici – s'accéléra soudainement. Des lieues et des lieues défilaient sous ses yeux en quelques secondes à peine. Enfin, ils furent déposés.
    Devant eux se tenait un énorme édifice en plein cintre. Des runes couraient sur son contour et à l'intérieur, comme un tissu de magie. Akhal l'identifia aussitôt comme l'un des portails. Tout autour, une chaîne de montagnes.

    «Tu dois reconnaître ces lieux. Ici se trouve le portail de ce qu'on appelle à présent le Bois de la Pénombre. Il y en a trois autres semblables en Azeroth: en Orneval, en Féralas, et aux Hinterlands. Ils se sont ouverts dans les racines de l'Arbre-Monde. Après la bataille qui a secoué Hyjal, une corruption sans pareille s'est étendue sur les terres du Rêve. Jeune Akhal.. Même les dragons verts ont été atteints. Les quatre lieutenants d'Ysera sont devenus fous et se sont extirpés du Cauchemar par ces portails. Ils ont été achevés pour le bien des races mortell..
    -Excusez-moi.. Mais.. Je ne me sens.. Vraiment pas bien et je crois que je devrais me réveiller?..»


    Le druide – ou plutôt son esprit - fronça légèrement les sourcils et posa son regard perçant sur lui.
    «Tu devrais arrêter de dire des absurdités, jeune Akhal. Surtout quand tu m'interromps en le faisant. Si tu te réveillais maintenant, les conséquences seraient désastreuses. Ne t'en rends-tu pas compte seulement en observant tout autour de toi?»
    Les montagnes se tordaient en des pics difformes et le ciel, d'habitude clair, arborait ses plus noirs couleurs et s'était paré de nuages aux formes monstrueuses; le sol lui brûlait les pieds et l'air lui manquait.

    «N'oublie pas, mon élève: ici, tout ne dépend que de toi. Choisis que ton rêve soit désagréable et il le sera. Bien sûr, en ce moment, ton esprit est influencé par ton corps souffrant: mais avec de l'entraînement, tu seras capable d'oublier toute douleur. De l'entraînement, beaucoup, car en étant trop gourmand, tu pourrais vouloir rester là et ressentir une telle félicité que rien ne pourrait te ramener auprès des tiens. Nous allons nous y mettre maintenant, et ainsi, tu seras capable d'oublier ces désagréments et te concentrer pleinement sur ce que je t'enseigne. Assieds-toi.»
    Il s'exécuta. Il trouvait discutable que l'elfe de la nuit ne cherche pas avant tout à chercher un moyen de soigner son corps et ainsi de chasser la folie qui lui était promise s'il le réinvestissait au profit de son enseignement. Mais, longtemps, il avait erré seul dans les landes des songes, et quand il avait senti la présence de son maître, il s'y était accroché comme à une bouée lancée en mer.

    Combien de temps devrait-il attendre avant d'enfin les retrouver et sentir à nouveau la tranquillité dans ses bras?
    Akhal
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    Le Rêve: leçons et déambulations Empty Re: Le Rêve: leçons et déambulations

    Message  Akhal Dim 20 Nov - 21:01

    Tout était nuancé de vert.

    Il se trouvait haut, très haut. Et c'était mieux ainsi. Le vertige qui l'assaillait dans la réalité avait disparu et il supposait que le fait que son corps ici soit immatériel en était la raison. La sensation désagréable dans les pieds, le petit haut-le-coeur en voyant le vide ; il n'y avait plus rien. Il se trouvait haut et pour cause : il cherchait son chemin. Il savait que le Rêve était un Azeroth demeuré intact, mais il n'avait jamais songé un instant à ce qui pouvait se trouver sous la mer que le Puits d'Éternité avait créé en se résorbant. Les oiseaux volaient autour de lui et semblaient eux aussi se tordre de douleur alors même que leurs ailes continuaient de battre ; étaient-ils vraiment souffrants ou bien était-ce encore une conséquence de la folie de son corps? Peu importait, après tout. Il ne devait pas se laisser distraire.

    Et pourtant, ici, il y aurait eu de quoi. Juste en-dessous du roc escarpé se trouvait une grotte qu'il mourait d'envie d'aller explorer, et à sa sortie un étang immense. C'était un désert, autour ; ça, ce devait être une oasis. De son perchoir, Akhal pouvait aperçevoir au loin des animaux immenses qui surgissaient des dunes comme s'il s'était agi d'un océan de sable. Le soleil était parfois assombri par quelque créature énorme qui passait très rapidement, si bien que le Gilnéen n'avait eu aucun moyen de la distinguer. Le point d'eau bouillonnait tantôt, et l'instant d'après était calme. Dans la verdure tout autour, on voyait des insectes voleter. Akhal en avait reconnu quelques uns, encore présents dans la réalité ; mais les autres lui étaient inconnus, et il comprit que ce devait être une ou plusieurs quelconques espèces disparues ou qui auraient pu se développer si les races dîtes mortelles n'étaient pas arrivées sur la planète.

    Son maître l'avait laissé sur ce roc il y avait maintenant un bon moment en disant qu'il devait se réveiller. Et Akhal, s'il lui avait promis de faire des efforts pour maîtriser la douleur et explorer le désert, n'en avait pas bougé. Non, en réalité, Akhal réfléchissait à un moyen de partir d'ici. Non pas que le lieu lui déplaisait, au contraire : mais il n'y avait aucun repère. Là où l'on était cloué au sol en étant éveillé, ici, il volait à sa guise. Là où il ressentait la faim et la fatigue, il n'en était rien ici – bien qu'il sache que son corps devait être en train de dépérir, là-bas. Il s'était habitué à se contenter de peu à manger dans les cas où il devrait être privé de nourriture pendant plusieurs jours, mais il était humain et il doutait sérieusement de ses chances de survie s'il ne se nourrissait pas pendant plusieurs jours, surtout s'il était tenu par les Réprouvés. Il devait rentrer au plus vite et ce malgré les ordres que lui avait donné l'elfe de la nuit.

    C'est pourquoi il décida que la meilleure solution était d'emprunter l'un des quatre portails. D'après l'elfe, ils servaient aux non-druides à faire entrer leur corps et leur esprit entiers dans le Rêve, à la condition d'accepter la méfiance voire les hostilités des autochtones du lieu. Il songea aux effets que pourraient avoir le temps dans le Rêve sur un corps humain. Est-ce qu'il vieillissait plus lentement ou au contraire en un clin d'oeil? Il aurait été bien incapable de donner la durée qui s'était écoulée depuis son entrée dans le royaume des Songes. Au moins une nuit: le vieux druide ne le rejoignait que la nuit, et il avait été clair sur ce point. Une fois le portail passé, il n'aurait plus qu'à retrouver le chemin de la forteresse dans laquelle il avait été emmené. Ou bien le Perchoir: à en juger le chant qui résonnait par intermittence dans son Rêve d'Émeraude, il supposait qu'il avait été ramené et qu'on veillait sur lui. Une fois son corps retrouvé, il n'y aurait plus qu'à.. Attendre qu'il se remette. Et s'il ne se remettait pas..

    Mais son plan comportait un point trouble : les portails étaient sensés avoir été désactivés, d'après la naine du Nid-de-l'Aigle. Cette même naine qui les avait accompagnés dans la grotte aux araignées, en Hautebrande. "Ils sont sensés avoir été désactivés, mais on évite malgré tout de placer des troupes à proximité." Tout ce qu'il pouvait faire était d'espérer qu'en se concentrant assez, il parviendrait à réactiver le passage même brièvement, et le traverser. Autre problème : il ne savait pas dans quelle direction se trouvait le portail le plus proche. Tout autour de lui ne se trouvait que du sable.

    Et bien qu'il inspirait – comme il le pouvait – à pleins poumons pour éviter la panique, il était forcé d'admettre qu'il était en train de se perdre.
    Akhal
    Akhal


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    Message  Akhal Jeu 24 Nov - 20:15

    Le centre ; le Puits d'éternité.

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    C'est un lac paisible, peut-être trop ; les eaux semblent presque compactes. La nature du Rêve rend perceptibles et même visibles les énergies qui sillonnent, s'entrechoquent et crépitent au-dessus, jusque dans les nuages et loin après que les fluides aient cessé de lécher les rives. Aujourd'hui encore, il fait beau. Il a les pieds dans l'eau et n'ose pas s'avancer plus ; par peur de s'y noyer, peut-être. Il a déjà failli se noyer dans les Sources de Féralas, et il craint à présent que cette étendue impressionnante soit beaucoup, beaucoup plus profonde et qu'il n'y perde pied trop rapidement. Sur un flanc du point d'eau surnaturel, une falaise abrupte se dresse et il semble à Akhal – probablement l'effet du trop plein de magie même si factice ici, qui se trouve à proximité – qu'elle s'effondre et se reconstitue, un cycle perpétuel.

    Le cadre est surréaliste. Il se trouve en plein coeur d'un vortex dément. Le Puits d'éternité est une surface changeante : elle semble refléter avec trois fois plus d'intensité la couleur du ciel dont les nuages défilent à une vitesse hallucinante, au-dessus. Ainsi, tantôt clair, tantôt sombre – tantôt aveuglant de lumière, tantôt un trou de ténèbres inépuisables – il déstabilise le druide, et il doutait que même la face impassible et dure de l'elfe de la nuit qui l'avait accompagné par quatre fois depuis qu'il s'était plongé dans ce sommeil resterait infaillible. Très loin, sur l'autre rive, un petit bois, indemne encore. Lui aussi semble faire des allers-retours dans le temps. Un moment resplendissants et touffus, et celui d'après dénudés de toute feuille et mourants, les arbres eux-même grandissent, et redeviennent pousses en quelques secondes.

    Il avait longtemps cherché à trouver l'un des portails, et malgré ses recherches, il avait été inéluctablement conduit vers ce lieu – probablement qu'Arianell l'aurait décrit comme étant un "croisement de lignes telluriques" – comme si chaque pas fait dans une direction autre le ramenait de toute manière et indépendamment de sa volonté dans le chemin du Puits. Ce qu'il sait du Puits, il le tient des livres d'histoire qu'il a pu trouver et auxquels il a pu s'intéresser jusqu'à maintenant : les évènements qui s'étaient déroulés lors de la Guerre des Anciens avait fait se résorber l'étendue magique et celle-ci, en éclatant, avait créé la Grande Mer et séparé l'unique continent en deux.

    Que doit-il comprendre?

    Les eaux sombres l'attirent inexorablement et peut-être est-il sensé plonger, maintenant. Il est pourtant sûr que rien de bon n'en ressortirait. Il décide que ce n'est pas important. Comme l'avait dit son maître.. rien n'est réel s'il ne le veut pas. Ce n'est qu'au moment d'embrasser son reflet qu'il s'aperçoit que celui-ci n'est pas le sien, ou plutôt pas celui de sa forme humaine ; la Bête a ses yeux azurs rivés sur les siens et ses mouvements sont tout aussi lents. Il n'y a qu'une légère brise. Malgré cette découverte pour le moins surprenante concernant son double, là, dans le Puits, il continue d'avancer, jusqu'à ne plus toucher le fond. Le fond, ce n'était pas de la vase comme il s'y était attendu ; non, au fond, il sent la mollesse d'une couverture sous ses pieds. Il sautille pour ne pas boire à cette eau malencontreusement, hoquetant et paniquant.

    Dans un dernier sursaut désespéré pour garder la tête sèche, il remarque enfin que tout est rentré dans l'ordre, dans le Rêve. Les oiseaux chantent de nouveau normalement, plus de gazouillements rauques et malades. Le vent – doux – ne transporte plus cette odeur infecte. L'herbe ne l'avait plus griffé, et là où tout n'avait été que douleur depuis son arrivée, il se rend compte maintenant qu'il va se noyer – se réveiller, plutôt – du bien-être qu'il quitte. Plus que tout, le chant avait redoublé de puissance, comme si une cloche de verre recouvrant le Rêve d'Émeraude se serait soulevée pour laisser passer ce son.

    Il se raccroche à cette voix, comme on s'accrocherait à une corde, et s'y concentre – peut-être est-ce son dernier espoir. Alors qu'il sombre dans le Rêve, il cligne des yeux au Perchoir : ces yeux, à nouveau vifs et étincelants.

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