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Guilde roleplay - Royaume Kirin Tor

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    Mémoires - Peram Lethor

    Peram Lethor
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    Messages : 26
    Date d'inscription : 02/01/2012

    Mémoires - Peram Lethor Empty Mémoires - Peram Lethor

    Message  Peram Lethor Dim 29 Jan - 11:00

    L’hiver fut rude, cette année. Et j’étais décidément bien heureux d’être à l’abri des intempéries fulgurantes et violentes du Nord. Je ne pouvais cependant m’empêcher de penser à mes parents, qui eux, devaient avoir bien du mal à chauffer la demeure familiale avec l’unique cheminée que cet imbécile d’architecte hurleventois avait placée dans la salle où mon père avait pris l’habitude de lire silencieusement, seul, ma mère vaquant à ses occupations. Mon cœur allait à Austrivage, alors que mon corps restait blotti très confortablement entre les murs de la prodigieuse cité de Dalaran. J’y avais désormais ma vie, bien qu’un peu de nostalgie se complaisait tendrement dans un recoin de mon cœur de lordaeronnais . Retournerais-je à ce village qui était le mien ? Reverrais-je les côtes, rêvant comme lorsque j’étais encore enfant de parcourir les mers, vêtu de l’uniforme de la prestigieuse marine de Kul Tiras ? Non, sans aucun doute. J’avais désormais d’autres ambitions. La vie de marin, de preux chevalier ou même d’aventurier n’était pas, ou plus, pour moi. Je suivais les enseignements d’un mage tout à fait vénérable de la cité, et je m’étais destiné, on m’avait destiné, à prendre sa place un jour, lorsque la mer se retirerait, laissant les vestiges d’un monde à yeux de tous, pour être à nouveau recouverts par la génération suivante.

    J’étais assis là, regardant par la fenêtre de la majestueuse bibliothèque, rêvassant, ce qui n’était assurément pas dans mon habitude, avide de savoir que j’étais. C’est mon proche ami Amysh qui me sorti de mes songes par une tape amicale dans l’épaule, la vigueur de celle-ci laissant présager qu’une nouvelle « brillante » idée lui avait foudroyé l’esprit, l’enthousiasme emplissant ses veines, dopant ses pensées. C’était ainsi qu’il fonctionnait. Houleux, versatile, brûlant. C’était une flamme démoniaque qui dansait au rythme du destin, tournoyant de soucis à problèmes et d’ennuis à mésaventures, avec le brio d’un virtuose de l’esquive et de l’opportunisme. Il était si vivant qu’il irradiait, son inlassable sourire malicieux, ses yeux brillant m’inspirant, me faisant rêver comme je le faisais lorsque je regardais les vagues se briser contre la solide et immuable roche de la côte sud.
    Il s’assit à mes côté, posant son coude sur le rebord de la fenêtre, se penchant vers moi en jetant un regard furtif aux alentours. Il avait de toute évidence débusqué le profit là où il était, l’avait tiré hors de son terrier pour le dépecer méticuleusement, se délectant de chaque goutte de sang coulant sur ses doigts agiles. Ceux d’un thalassien aux yeux brillants. Il me parla à voix basse. Je ne saurais retranscrire ici le langage qu’il m’a tenu, mes souvenirs s’envolant avec les années. Toujours est-il que sa « brillante » découverte, et elle semblait l’être sur le moment, était sa rencontre avec un mage qui semblait détenir un certain nombre de savoirs…Introuvables à Dalaran. Malheureusement, celui-ci avait besoin de matières première pour ses recherches, matières premières qu’il ne pourrait trouver, si ce n’est à Dalaran, à Lune d’Argent elle-même. Et la discrétion ne semblait être son point fort. Amysh avait bien entendu saisi l’occasion au vol, avec la vivacité d’un marchand gobelin, pour l’enfouir profondément dans sa poche, et me l’exhiber avec un sourire mi-narquois mi-présomptieux. C’était sa manière de me montrer son amitié. Mais je faisais fausse route. Il n’était pas venu ici pour fanfaronner, mais pour me proposer de participer à cette palpitante aventure. Ma surprise fut telle que mes yeux s’écarquillèrent l’espace d’un instant. Cet instant qui l’informa qu’il avait touché la corde sensible, que la graine qu’il avait plantée il y a des années avait germée pour donner un riche arbre qui lui tendait chaque centimètre, chaque instant de son existence pour l’inviter à en dérober les précieux fruits et s’en nourrir salement.
    Il était bien embêté de ne pouvoir lui-même fournir cet étrange ami qu’il avait, n’ayant pas tous les accès aux laboratoires d’enchantement, que je visitais librement.
    Enfin, Amysh devrait ravaler ses sarcasmes, pyromancien qu’il était, et devrait se plier à la volonté de son camarade. Qui accepta avec avidité, joie et détermination de participer à cet échange de bons procédés. En effet, le thalassien lui avait promis ces matériaux en échange de ces quelques savoirs interdits. Quels qu’ils soient. Le temps pour moi était venu de devenir quelqu’un qui saurait danser, virevolter, séduire et sourire.
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    Message  Peram Lethor Ven 10 Fév - 0:18

    Quelques semaines plus tard, notre petit commerce fonctionnait. Presque seul à vrai dire. En tout cas, c’était le cas pour mon ami qui jouait les intermédiaires avec enthousiasme. Peut-être un peu trop d’enthousiasme, en réalité. Il arrivait souvent qu’il me morigène pour mes retards de livraison, entrant dans une rage noire, si noire. Même s’il ne pouvait hurler, discrétion oblige, le son de sa voix me percutait comme un projectile arcanique bien placé. Qui était-il pour me parler sur ce ton, après tout ? Certes, j’avais du retard. Mais n’était-ce pas moi qui relevait les manches pour nous procurer le matériel, notre monnaie d’échange ? Alors que lui se contentait d’utiliser ses dons naturels pour l’éloquence, le marchandage. Il ne faisait aucun effort ! Mais ma colère restait, et restera, silencieuse. Il n’était pas bon d’affronter Amysh, ne serait-ce que verbalement. D’ailleurs, depuis quelques semaine que nous avions commencé à obtenir les apprentissages de notre obligé, les colères d’Amysh se faisaient plus nombreuses, et plus violentes. Cela dit, il fallait également comprendre la position qu’il avait. D’une certaine manière, il me protégeait du moindre problème.
    Je secouai un peu la tête pour me sortir de mes pensées vagabondes. Ce n’était pas l’heure à la rêverie, mais l’action.
    Je n’avais pas besoin d’attendre la nuit pour accomplir ma mission. Les étudiants en enchantement étant peu nombreux, les laboratoires étaient pour la plupart vides de mage, seuls quelques uns servant réellement. C’était ainsi à Dalaran. Ces notions d’espace et de rentabilité n’avait que très peu cours ici, bien que, justement, ce soit évidemment l’enchantement qui était la spécialité de loin la plus rémunératrice. Ainsi que la plus austère. L’activité des couloirs des écoles d’Abjuration et d’Invocation étaient bien plus animés. Et risqués. Tandis que l’école de Divination était d’un calme à toute épreuve. Mais voilà que je m’égare à nouveau.
    J’étais dans un des laboratoires, à la recherche d’un certain nombre de composants, de la poussière d’os et des cristaux prismatiques. La poussière d’os était simple à trouver, et il ne me fallu que quelques minutes pour en remplir quelques bocaux que je rangeai vite dans mon sac, porté en bandouillère. En revanche, les cristaux n’étaient pas rangé dans ce laboratoire, mais dans celui de mon maître en personne. C’était un homme calme, et extrêmement sage, et bien que le temps aie gravé son passage sur son visage, il semblait toutefois encore animé d’une vitalité extraordinaire. Facétieux, il se plaisait à enseigner son art au travers d’expérimentations, et ne manquait pas de souligner les erreurs de ses élèves de quelques phrases malicieuses. Son laboratoire n’était pas situé dans une tour extravagante comme celle de l’Archimage Antonidas, ni dans l’un de ces souterrain obscures que certains affectionnaient. Il était tout simplement à côté de sa chambre , elle-même installée en face de la pièce dans laquelle je me trouvais.
    Je me faufilai alors à l’intérieur, l’estomac un peu serré à l’idée de pénétrer dans son sanctuaire, mais l’envie et l’adrénaline eurent vite fait d’écarter ce petit désagrément. Les cristaux étaient posés au fond de la pièce, dans une petite vitrine dans laquelle ils flottaient, infatigable, dans les airs, une douce lumière violette émanant d’eux, venant illuminer les fioles posées à leurs côtés. La vitrine n’était protégée par aucun loquet, ce qui ressemblait bien à son propriétaire. Il me suffisait alors de pousser la petite porte qui les maintenaient à l’intérieur pour m’en saisir et…
    Une voix ! Deux hommes parlant fort, se disputant apparemment et…se rapprochant. D’un bond, j’étais sous la table de travail du laboratoire tandis que la porte s’ouvrait, offrant à mes yeux deux paires de pieds. Les deux hommes, qui étaient en réalité des elfes parlaient en thalassien, et je n’ai jamais été doué pour les langues, aussi, je ne saurais retranscrire ici leurs paroles.
    Il ne restèrent pas longtemps, et je pus reprendre ma tâche à la hâte, ne m’extasiant plus un seul instant sur les merveilles qui m’entouraient pour venir saisir les cristaux, les fourrer dans mon sac et refermer doucement la porte du laboratoire que je quittai sans regret, mon cœur semblant faire plus de bruit que mes pas.

    Je remis ensuite les cristaux Amysh, qui les livreraient ce soir. Et ce soir serait un grand soir, puisque le mage énigmatique avait décidé de nous donner un nouveau et plus grand fragment de son savoir, heureux de constater nos efforts à remplir notre part du contrat. Aussi, il nous avait donné rendez-vous à l’extérieur de la cité, sur les rives du lac Lordamere, un peu plus au nord. Il nous fallait donc nous mettre dès maintenant en route.
    Nous étions alors en l’année 17, et mes études touchaient bientôt à leur fin.
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    Message  Peram Lethor Ven 10 Fév - 0:19

    Nous avions emprunté des chevaux aux écuries, en échange d’une faible caution, et nous avancions droit vers le nord. A cette époque, pour ceux qui ne l’auront pas connue, Lordaeron était d’une puissance inégalable. Bien que l’Alliance du Nord se soit fissurée à l’issu de la Seconde Guerre, Alterac démantelé, Gilnéas refusant de payer les camps d’internement orcs – ce qui était tout à fait compréhensible – et Stromgarde quittant l’Alliance, peu satisfaite du tracé de ses nouvelles frontières, nous vivions en sécurité et la guerre était, il faut le dire, loin de nos pensées à présent, bien que quelques escarmouches provoquées par des trolls venaient nuancer l’idylle. A cette époque, Dalaran n’était pas loin du lac sur lequel la puissante cité de Lordaeron (En effet, Lordaeron ayant donné le nom d’une ville, puis d’un royaume et enfin, un continent, il est légitime de s’interroger sur les chevilles de leur dirigeant, le roi Terenas, qui, en réalité, était un roi doux et inquiet de son peuple), et nous avions pris suffisamment d’avance pour nous permettre de ralentir le rythme, flânant, bavardant de choses et d’autres. Amysh aimait me parler de sa famille, à Quel’Thalas, bien qu’il n’aie aucunement l’intention de retourner les voir. Dalaran lui plaisait, bien qu’elle soit contrôlée d’une main de fer par le Kirin Tor, qu’il aimait beaucoup moins. Il aimait trop la liberté et la puissance pour apprécier un ordre qui lui serait supérieur.
    La nuit, et le froid que ceux qui auront arpenté les plaines nordiques n’auront assurément pas oublié, commençaient à tomber, et les nuages arboraient la couleur du sang frais lorsque nous arrivions enfin au lieu de rendez-vous.
    Le mage nous attendait déjà et avait, semblait-il préparé quelques accessoires pour nous donner notre leçon. Une table, sur laquelle des objets masqués d’un drap blanc, avait été installée. Nous ne nous demandions pas un instant par quel procédé elle avait atterri là, habitués que nous étions à toutes sortes de bizarreries qui les descendants des Arathi auraient volontiers brûlés en place publique. Sa robe noire, son bâton, d’une simplicité absolue, tenu avec fermeté et sa capuche relevée, masquant son visage, ne nous offrant que sa mâchoire sur laquelle nous pouvions deviner quelques rides, tout propageait autour de lui une aura de puissance qui forçait notre respect, titillait notre curiosité et nous pétrifiait simultanément.
    Arrivés à quelques mètres de lui, nous descendions de nos montures, et tandis qu’Amysh allait le saluer avec un respect et une diligence que je ne lui connaissais pas, je détachais le sac contenant les matériaux. Me voyant arriver près d’eux, le mage, sans un mot, par un geste de la main, m’indiqua de le poser au pied de la table. Approchant de celle-ci, je fixais avec curiosité et appréhension, ce qui ne semblait plus être quelques objets, mais un seul, uniforme. Lorsque je me penchais pour déposer le sac, je fus pris d’une envie de jeter un œil à cette chose, mais cette idée farfelue ne me resta pas en tête. Le mage me fit signe de me relever et de retirer le drap blanc, et, comme subjugué par ses gestes adroits et lents, dégageant une force certaine, je m’exécutai, dévoilant sur la table de bois le cadavre d’un homme, libérant l’odeur de la mort qui s’enfiltrait insidieusement dans mes narines qui suppliaient déjà que le calvaire s’achève. Mes yeux restèrent braqués sur le cadavre, gonflé par le temps comme un ballon, la peau craquelant par endroit pour laisser s’échapper quelques liquides gluants et infâmes. Un corde qui avait été coupé restait autour de son cou et avait laissé une trace noire, ne contrastant que peu avec le vert foncé que sa peau avait pris avec l’usure du temps, les traces de la mort rampant dans son corps, marquant ce qu’il restait de cet homme du sceau de la décrépitude. Son cou, d’ailleurs, formait un angle étrange, laissant sa tête libre comme celle d’un pantin désarticulé, la bouche entrouverte comme horrifié par ce qu’il était lui-même devenu : Un tas de chair putréfiée, pourrie, suintant et empestant l’air.
    Alors que je reculais de quelques pas, trébuchant sur une pierre qui dépassait vilement du sol, me retrouvant les fesses dans l’herbe tout aussi humide que le corps exposé sur la table, cette pensée faisant naître en moi un haut-le-cœur de dégoût, j’apercevais Amysh, qui semblait très intéressé par ce que le mage, qui avançait lentement jusqu’à sa révulsante mise en scène, allait faire. Je regardais tout ceci comme l’on regarde un spectacle ahurissant, oscillant entre l’exaltation et le dégoût. Le mage nous expliqua qu’il s’agissait d’un homme qui avait été pendu dans le comté de Darrow. Un voleur, un menteur et un homme violent. Il avait mené sa vie en misérable et était mort en misérable. La petite trace de son passage dans ce monde serait vite effacée, et son existence resterait alors ce qu’elle se prédestinait à être : une existence vide de sens. Il nous expliqua qu’il était de notre devoir, nous, mages, de faire ce qui est bon pour l’humanité. Soigner le peuple de ses maux. Et celui de cet homme était sa vie passée. Il allait donc lui accorder une seconde chance. Nous allions lui accorder cette seconde chance. Sa voix était grave, et les mots raclaient contre sa gorge comme si elle tentait elle-même de les empêcher de sortir. Il nous fit signe de nous approcher de lui. Amysh inclina la tête et avança d’un pas assuré vers le mage alors que je me relevais, tremblant un peu, pour me poster aux côté de mon ami. Sur la table était posés deux papier, sur lesquels étaient inscrits une incantation dont la forme, la logique même, m’échappait totalement. Alors que nous prenions chacun un papier, notre enseignant de ce soir commença son incantation, que nous reprenions en cœur. Mon ventre me faisait souffrir à chacune de mes paroles, ma gorge devait ressembler à celle du voleur et les ongles de ma main libre tentaient d’arracher toute la peau qui était à leur portée, sans succès. Nos voix résonnaient à l’unisson, rebondissant sur l’eau du lac, portant nos mots à quelques sombres oreilles qui, tapies quelques part dans l’obscurité, écoutaient toutes les paroles blasphématoires et les cris des âmes emprisonnées.
    Lorsque nous eurent fini de psalmodier, un lourd silence se fit entendre. Je n’osais regarder autre chose que mes mains, honteux, faible et brisé. Le cadavre se mit ensuite en mouvement après quelques longues minutes. J'entendis la peau se fendre, se déchirant dans un gargouillement sinistre, pour rester collée contre le bois aussi froid, alors que ce corps maintenant animé se relevait lentement, machinale. Mes yeux écarquillés croisèrent le regard sans vie de la créature qui se tournait alors vers moi, sa tête pendante, rejetée en arrière, dévoilant un peu plus sa gorge boursouflée, un chancre infâme coulant dans ses lèvres entrouvertes. L'odeur prenait en intensité, lourde, assomante de puanteur. Ma bouche resta ouverte comme pour crier silencieusement, contemplant notre terrible oeuvre.

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