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    Chroniques Sombragon - Retour à La Maison

    Haneath Lilac
    Haneath Lilac


    Messages : 34
    Date d'inscription : 06/09/2011
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    Chroniques Sombragon - Retour à La Maison Empty Chroniques Sombragon - Retour à La Maison

    Message  Haneath Lilac Sam 28 Avr - 14:19

    « Mère. »

    Cette pièce était si immense, qu'il fallait toujours beaucoup de chandelles pour l'éclairer. Mais à cela, la maîtresse des lieux avait préféré allumer, dans un éclat de magie, la cheminée immense, et rien d'autre. Monstre de pierre grise et blanche, on y voyait des femmes et des hommes gravés par endroits, combattant un dragon. Les mages et les guerriers humains se mêlaient à une guerre minuscule mais sans merci sur le marbre, au plus près de l'âtre. Les lueurs rouges-orangées du brasier, elles, se mêlaient au mauve foncé des tissus, et laissaient leurs reflets y danser, enchantées, se pensant capable d'amener la joie dans la pièce avec leur parade, mais il n'en était rien. Les dizaines de bibliothèques décoraient le mur Ouest et Est, et étaient si complètes, qu'un coup d'oeil laissait deviner les générations nécessaires pour compléter la collection.

    La lune était au plus haut, et ce choix d'ambiance rendait la pièce du manoir plus sombre encore. Tout était si noir. Le mobilier d'ébène, les tentures du parme digne du sceau familial, tout était si noir. Et ce cœur.
    Le cœur de la maîtresse des lieux était plus noir encore. Brûlé, ravagé par la peine. Ce n'était un secret pour personne.

    La femme se prélassait dans l'unique fauteuil de la pièce semi-vide, pièce de mobilier aux ornements aussi singuliers que ceux de la cheminée. Les yeux perdus dans les flammes dansantes du coin de feu, elle ne prit pas le temps de saluer le garçon. Elle considéra lentement le portrait de famille gigantesque et ancien qui siégeait au dessus du même âtre, puis prit la parole.


    « J'ai répondu à toutes tes questions. Qu'est-ce que tu veux, ce soir ? M'écraser ? M'humilier ? Tu as beau être mon enfant, tu es cruel. Je t'ai offert mon énergie et ma vie. Des remerciements ? C'est ça ? Venir ici alors que je me repose est encore un affront. »

    Il était mal à l'aise. Plus elle était calme, et plus elle était dangereuse. Mais il avait hérité de sa fierté. Non sans peur, il articula pour lui répondre, presque arrogant.


    « Je suis juste. Vous avez fait des choses que je n'excuserais jamais. »
    - Juste ? Tu es un millénaire trop jeune pour me parler de justice, jeune homme. Tu es mauvais. Comme moi. Et comme ton père. Ta... « Justice » ne causera que des problèmes. »

    Père. Père. Il n'y a pas quelques années encore, sa langue était raide à ce sujet. Ce père, son père, à ce garçon, on n'en parlait pas, point. Ce n'était même plus un sujet sensible, mais un sujet fantôme. On se demandait souvent s'il avait jamais existé. Ce père.
    Kellian Rodrischt
    Kellian Rodrischt


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    Date d'inscription : 23/10/2011
    Localisation : Entre une caisse à outils et un bureau encombré.

    Chroniques Sombragon - Retour à La Maison Empty Re: Chroniques Sombragon - Retour à La Maison

    Message  Kellian Rodrischt Sam 28 Avr - 14:25

    Le garçon se raidit. Il baissa la tête, et, après une inspiration silencieuse mais déterminée, il dit simplement :

    « Je ne suis pas venu pour... Me quereller, Mère. Vous ne m'avez toujours rien dit au sujet du Perchoir. »

    Il était en train de réajuster le bout de ses manches tout en parlant, visiblement irrité. Volants, soieries, cravates, manteaux brodés, chemises de qualité... Il y avait longtemps qu'il n'avait plus porté tout cela. Il n'y était plus habitué, et avait été fortement gêné d'avoir dû demander assistance à Seneth.
    Seneth ne l'avait pas jugé en l'habillant, il y était même indifférent. Trop. Seneth Riddle, le laquais de service, était, d'ordinaire, toujours d'humeur à lancer une pique ou une autre, même au fils de sa maîtresse. Fils qui, présentait si bien, ce soir là, coiffé d'un catogan, et dont le bouc était, pour la première fois, à valeur purement esthétique, qu'il n'était -pour la première fois depuis longtemps- ni ingénieur ni écuyer, ni sans domicile ni apprenti.

    C'était un noble.

    Un noble sous l'étendard Sombragon, ou « Lilac », la famille Hurleventoise la plus influente de toute les Carmines, et très probablement dans la longue liste des plus redoutées et des plus riches du Royaume de Wrynn.

    Morne, et après avoir marqué un temps, la quadragénaire reprit, sans bouger.


    « Je m'occupe de tout, et je n'aime pas me répéter. Contente-toi de finir ce que tu as à faire. »

    A ces mots, il perdit toute patience. Il avança d'un pas. Sa botte, de cuir sombre, frappa la tapisserie, et il haussa le ton, excédé.

    « Ça suffit ! Des mystères, encore des mystères. Je ne suis pas venu … Je ne suis pas revenu ici pour ça. »

    Il agrippa nerveusement la poignée de la rapière d'or et d'acier, en baissant la tête dans un grognement bien audible.

    La Dame des Carmines s'était levée. Ce simple geste avait fait taire le présomptueux, dont le corps tout entier se raidit. Et quand elle tourna légèrement et lentement la tête pour l'observer, le sang du jeune homme ne fit qu'un tour.
    Il n'y avait que sa fierté pour l’empêcher fuir. Il était terrifié. Secrètement terrifié. Il avait toujours été terrifié. Que savait-elle qu'il ne savait pas ? Qu'avait-elle vu, elle, que lui, n'avait jamais observé ? C'était sa mère. Si elle eut de quoi lui donner la vie, avait-elle peut-être aussi de quoi la lui reprendre ? Ces pensées là, le terrifiait.

    Son visage n'affichait cependant rien d'autre qu'un air contrarié, mais son esprit s'était fait petit, et il avait beau aller vers ses vingt-trois ans, et son cœur battait comme celui d'un enfant venant de faire une bêtise. Tout le monde est enfant, face à sa mère, et ça, qui ne le savait pas ?

    Mais elle n'a pas parlé. Elle ne s'est pas faite menaçante. L'envisageant directement, elle affichait un air simple, désolé, anormalement honnête. La maîtresse fit glisser son regard sur le sol, perdue, puis, s'avança dans un silence tout relatif en direction de la porte, coupant la salle en son centre.

    Le factotum des Sombragon l'avait ouverte, et il dévisageait Kellian, neutre. Seneth était fatigué, morose. Il avait très sûrement tout entendu. Tout en s'extirpant de la salle, Haneath maugréa quelques mots.


    « Je parlerais à Pérod. Demain. »

    Puis on la vit s’arrêter.

    « Douce nuit, Alexandre.»

    Et, dans une lenteur qui lui paru infinie, la porte s'était refermée. Il n'y avait plus que Kellian pour la contempler, désabusé, et déçu.

    Il murmurait.









    « Bonne nuit, mère. »

      La date/heure actuelle est Dim 28 Avr - 15:11