Le soleil décline à l’horizon tandis que les deux chevaux arrivent dans la petite vallée ou se dresse le cottage du Clan. Fièrement, le cerf bleu, sur son blason brodé d’argent, se dresse sur le coté de la grande porte d’entrée du manoir, protecteur de ce lieu, protecteur de cette famille. Gréghory s’arrête un instant et lâche un léger soupir, perdant son regard dans le vide sur ce blason qui a dicté sa vie durant si longtemps.
Une main se pose alors sur épaule, il tourne la tête et regarde sa sœur, Déjanire. Le temps est passé si vite, elle est déjà une femme maintenant. Elle lui sourit, geste de réconfort et de soutien, puis ils reprennent le petit bout de chemin qu’ils leur restent à faire avant d’arriver devant le manoir.
On attendait leur arrivée depuis plus d’une heure déjà, Shagrine regardait par la fenêtre, les bras croisés, l’épaule posée contre le mur, attendant l’arrivée de son cousin, le Comte. Elle replaça une de ses mèches de ses longs cheveux bruns derrière son oreille et tourne ses yeux d’un bleu azur vers la porte quand cette dernière s’ouvrit. Elle vit rentrer sa sœur, la petite dernière de la famille. Emily portait ses vêtements cléricaux, cela faisait trois ans qu’elle était rentrée dans les ordres maintenant, elle avait raccourci ses cheveux noirs, et son regard ocre se posa sur sa sœur. Elle lâcha une moue réprobatrice et s’approcha du lit de cette dernière, y posant une très belle robe avant de s’y asseoir.
« - Emily, Shagrine poussa un long soupir de lassitude. Tu sais très bien que je ne supporte pas ce genre de vêtements. J’ai l’impression d’étouffer là dedans.
- Tu connais Mère. Elle tient à ce que tout se passe bien et pour elle, cela veut dire que tu dois mettre ce corset. Viens je vais t’aider. »
La voix douce et légère de sa sœur semblait déjà comme un écho pour Shagrine, elle avait déjà reporté son attention sur la fenêtre, guettant l’arrivée de son cousin.
Emily s’approcha alors d’elle, prenant son poignet, doucement avant de l’attirer sur le lit. Machinalement, tout en continuant de fixer la fenêtre, Shagrine se laissa faire, sa sœur l’habillant. Ce n’est que lorsque cette dernière serra le corset qu’elle réalisa qu’elle était en train de sa changer.
Elle regarda sa sœur un court instant et lui sourit, ce qui lui valut un sourire en retour. Elles avaient toujours été proches toutes les deux, depuis qu’Emily avait été en âge de marcher, Shagrine l’emmenait partout, dans le verger de leur maison, sur la plage de galet, au grand désarroi de leur Mère qui aurait voulu en faire des femmes du monde. Elles ne s’étaient revues depuis l’entrée d’Emily dans les ordres, cela lui faisait plaisir de revoir sa sœur en parfaite santé et aussi sereine. Mais ce qui inquiétait le plus Shagrine, c’est que toute la famille était réunie.
Qu’allait-il se passer durant cette réunion ?
Cela faisait une heure que Yann suivait le Comte et sa sœur. Discret, comme une ombre, tel qu’on lui avait appris à être depuis tout petit, lui, l’enfant adopté par le Clan, celui qui devait se taire et obéir en échange de tout ce qu’on lui avait offert. Ils n’avaient pas beaucoup parlé depuis qu’il avait retrouvé leur trace et qu’il les suivait, ombre protectrice et garde silencieux. Le Manoir était enfin en vue, les deux chevaux s’étaient arrêtés, les deux cavaliers regardaient le petit cottage au fond de la vallée en silence. Yann se demandait ce à quoi devait penser Gréghory. Il avait remarqué cet air sur son visage, l’appréhension, le doute et l’incertitude grandissait sur le visage de Gréghory comme la nuit tombe sur le Monde, cachant la lumière du Soleil, doucement, mais surement. Il n’avait jamais été très proche l’un de l’autre, ni d’aucun autre membre de la famille. Seul Madeg, son « Patriarche », s’était occupé de lui, petit gamin des rues qui avait malencontreusement voulu fouillé dans les poches de la Comtesse ce jour là, il a bien faillit y passer d’ailleurs.
Un sourire sardonique s’afficha sur le visage du jeune homme, il regardait Gréghory et Déjanire en silence, attendant calmement qu’ils reprennent leur chemin.
Dans les écuries, Harnad brossait son destrier, relâchant toute cette frustration, toute cette colère qu’il ressentait. Victor avait encore joué sa fine bouche, et ça l’horripilait, comme la venue de Gréghory. Il n’avait jamais pu l’apprécier, il le détestait même.
« - Cet enfant maudit n’a pas sa place au sein du Conseil ! Et encore moins en tant que Comte ! C’est une honte pour le Clan ! Un blasphème à la Mémoire de Théodorus Mc Dorf ! Avait-il scandé à son père, quelques instants plus tôt.
- Harnad, je te prie de te calmer, cette décision ne t’appartient pas et j’aimerais que tu apprennes à mieux et conduire en présence de ton Père jeune homme. »
Tidius Mc Dorf, le Second fils de Jérémius, regardait son fils d’un air sévère, glissant son regard gris et froid sur ce dernier sans une once de bienveillance ou de gentillesse. Sa grande taille et ses cheveux gris lui donnaient un aspect austère et glacial, presque terrifiant. Il avait toujours été très strict avec Harnad et Victor, les poussant au-delà de leur limite, tous les jours, sans répit, pour faire d’eux des hommes de pouvoir.
Victor regardait son frère, assis nonchalamment dans un fauteuil de haute facture, un léger sourire fin et malicieux au coin des lèvres. Il aimait s’en prendre à son frère, c’était tellement facile. Il se redressa et passa une main dans ses cheveux bruns et courts, son regard beige se posant sur son frère.
« - Et bien mon frère, tu convoites encore la place de Comte ? Quel terrible affront. » Les mots sortaient de la bouche de Victor comme le venin d’un serpent. Harnad tourna la tête vers Victor, un regard empli de rancœur et de mépris s’étalant sur le visage du jeune homme aux cheveux châtains.
« - Mêle toi de tes affaires petit serpent blafard, je n’ai pas besoin de l’acidité de ton venin pour… »
Une main fila droit sur la joue d’Harnad, Tidius n’avait eu qu’à faire un simple pas, un simple geste pour que l’esclandre s’arrête. Harnad regarda son père un court instant puis s’inclina sans un mot et sortit doucement de la pièce en fermant la porte. Il détestait cette famille, ses intrigues, ses coutumes et ses serpents.
« - Il est en retard. » On sentait dans la voix de Dame Ambroise qu’elle s’impatientait plus que de raison. Son mari, le Baron Anders, regardait sa femme en silence, un verre de vin à la main, assis dans un fauteuil du salon, silencieux, comme à son habitude. Stenn avait toujours pensé qu’elle l’avait dressé comme on dresse un petit chien servile, utile seulement quand on en a besoin et invisible le reste du temps. Il se demandait même si elle l’avait réellement un jour aimé, ou du moins apprécié, enfin, quelle importance, cela ne le regardait pas. Il se contenta de hausser les sourcils et de tourner son unique œil bleu vers la fenêtre. Adossé au mur, il patientait tranquillement que son cousin arrive.
« - Du calme Ambroise, il ne devrait plus tarder, Yann est parti à son encontre. »
L’Oncle Madeg regardait sa sœur en souriant d’un air léger et plutôt avenant, comme d’habitude. Petit, plutôt bedonnant, il donnait toujours cette impression de veiller sur sa famille. Il était le seul à pouvoir calmer la colère de sa sœur. Un homme bien, s’était surpris à penser Stenn, qui continuait à fixer le jardin du cottage pris dans la brume depuis la fenêtre. Il releva la tête et se redressa lentement.
« - Il est là ».
Gréghory regarde le cottage, descend de son cheval qu’un majordome entraine vers l’écurie. Il regarde Déjanire. Cette dernière ne sourit plus. Elle semble appréhender, elle aussi. C’est à son tour qu’il pose une main sur son épaule et lui offre un sourire fraternel, réconfortant.
« - Allons-y ».
La porte à double battants s’ouvre en grand, il entre. Plusieurs voix s’élèvent, plusieurs silhouettes s’inclinent.
« Monseigneur »
Une main se pose alors sur épaule, il tourne la tête et regarde sa sœur, Déjanire. Le temps est passé si vite, elle est déjà une femme maintenant. Elle lui sourit, geste de réconfort et de soutien, puis ils reprennent le petit bout de chemin qu’ils leur restent à faire avant d’arriver devant le manoir.
On attendait leur arrivée depuis plus d’une heure déjà, Shagrine regardait par la fenêtre, les bras croisés, l’épaule posée contre le mur, attendant l’arrivée de son cousin, le Comte. Elle replaça une de ses mèches de ses longs cheveux bruns derrière son oreille et tourne ses yeux d’un bleu azur vers la porte quand cette dernière s’ouvrit. Elle vit rentrer sa sœur, la petite dernière de la famille. Emily portait ses vêtements cléricaux, cela faisait trois ans qu’elle était rentrée dans les ordres maintenant, elle avait raccourci ses cheveux noirs, et son regard ocre se posa sur sa sœur. Elle lâcha une moue réprobatrice et s’approcha du lit de cette dernière, y posant une très belle robe avant de s’y asseoir.
« - Emily, Shagrine poussa un long soupir de lassitude. Tu sais très bien que je ne supporte pas ce genre de vêtements. J’ai l’impression d’étouffer là dedans.
- Tu connais Mère. Elle tient à ce que tout se passe bien et pour elle, cela veut dire que tu dois mettre ce corset. Viens je vais t’aider. »
La voix douce et légère de sa sœur semblait déjà comme un écho pour Shagrine, elle avait déjà reporté son attention sur la fenêtre, guettant l’arrivée de son cousin.
Emily s’approcha alors d’elle, prenant son poignet, doucement avant de l’attirer sur le lit. Machinalement, tout en continuant de fixer la fenêtre, Shagrine se laissa faire, sa sœur l’habillant. Ce n’est que lorsque cette dernière serra le corset qu’elle réalisa qu’elle était en train de sa changer.
Elle regarda sa sœur un court instant et lui sourit, ce qui lui valut un sourire en retour. Elles avaient toujours été proches toutes les deux, depuis qu’Emily avait été en âge de marcher, Shagrine l’emmenait partout, dans le verger de leur maison, sur la plage de galet, au grand désarroi de leur Mère qui aurait voulu en faire des femmes du monde. Elles ne s’étaient revues depuis l’entrée d’Emily dans les ordres, cela lui faisait plaisir de revoir sa sœur en parfaite santé et aussi sereine. Mais ce qui inquiétait le plus Shagrine, c’est que toute la famille était réunie.
Qu’allait-il se passer durant cette réunion ?
Cela faisait une heure que Yann suivait le Comte et sa sœur. Discret, comme une ombre, tel qu’on lui avait appris à être depuis tout petit, lui, l’enfant adopté par le Clan, celui qui devait se taire et obéir en échange de tout ce qu’on lui avait offert. Ils n’avaient pas beaucoup parlé depuis qu’il avait retrouvé leur trace et qu’il les suivait, ombre protectrice et garde silencieux. Le Manoir était enfin en vue, les deux chevaux s’étaient arrêtés, les deux cavaliers regardaient le petit cottage au fond de la vallée en silence. Yann se demandait ce à quoi devait penser Gréghory. Il avait remarqué cet air sur son visage, l’appréhension, le doute et l’incertitude grandissait sur le visage de Gréghory comme la nuit tombe sur le Monde, cachant la lumière du Soleil, doucement, mais surement. Il n’avait jamais été très proche l’un de l’autre, ni d’aucun autre membre de la famille. Seul Madeg, son « Patriarche », s’était occupé de lui, petit gamin des rues qui avait malencontreusement voulu fouillé dans les poches de la Comtesse ce jour là, il a bien faillit y passer d’ailleurs.
Un sourire sardonique s’afficha sur le visage du jeune homme, il regardait Gréghory et Déjanire en silence, attendant calmement qu’ils reprennent leur chemin.
Dans les écuries, Harnad brossait son destrier, relâchant toute cette frustration, toute cette colère qu’il ressentait. Victor avait encore joué sa fine bouche, et ça l’horripilait, comme la venue de Gréghory. Il n’avait jamais pu l’apprécier, il le détestait même.
« - Cet enfant maudit n’a pas sa place au sein du Conseil ! Et encore moins en tant que Comte ! C’est une honte pour le Clan ! Un blasphème à la Mémoire de Théodorus Mc Dorf ! Avait-il scandé à son père, quelques instants plus tôt.
- Harnad, je te prie de te calmer, cette décision ne t’appartient pas et j’aimerais que tu apprennes à mieux et conduire en présence de ton Père jeune homme. »
Tidius Mc Dorf, le Second fils de Jérémius, regardait son fils d’un air sévère, glissant son regard gris et froid sur ce dernier sans une once de bienveillance ou de gentillesse. Sa grande taille et ses cheveux gris lui donnaient un aspect austère et glacial, presque terrifiant. Il avait toujours été très strict avec Harnad et Victor, les poussant au-delà de leur limite, tous les jours, sans répit, pour faire d’eux des hommes de pouvoir.
Victor regardait son frère, assis nonchalamment dans un fauteuil de haute facture, un léger sourire fin et malicieux au coin des lèvres. Il aimait s’en prendre à son frère, c’était tellement facile. Il se redressa et passa une main dans ses cheveux bruns et courts, son regard beige se posant sur son frère.
« - Et bien mon frère, tu convoites encore la place de Comte ? Quel terrible affront. » Les mots sortaient de la bouche de Victor comme le venin d’un serpent. Harnad tourna la tête vers Victor, un regard empli de rancœur et de mépris s’étalant sur le visage du jeune homme aux cheveux châtains.
« - Mêle toi de tes affaires petit serpent blafard, je n’ai pas besoin de l’acidité de ton venin pour… »
Une main fila droit sur la joue d’Harnad, Tidius n’avait eu qu’à faire un simple pas, un simple geste pour que l’esclandre s’arrête. Harnad regarda son père un court instant puis s’inclina sans un mot et sortit doucement de la pièce en fermant la porte. Il détestait cette famille, ses intrigues, ses coutumes et ses serpents.
« - Il est en retard. » On sentait dans la voix de Dame Ambroise qu’elle s’impatientait plus que de raison. Son mari, le Baron Anders, regardait sa femme en silence, un verre de vin à la main, assis dans un fauteuil du salon, silencieux, comme à son habitude. Stenn avait toujours pensé qu’elle l’avait dressé comme on dresse un petit chien servile, utile seulement quand on en a besoin et invisible le reste du temps. Il se demandait même si elle l’avait réellement un jour aimé, ou du moins apprécié, enfin, quelle importance, cela ne le regardait pas. Il se contenta de hausser les sourcils et de tourner son unique œil bleu vers la fenêtre. Adossé au mur, il patientait tranquillement que son cousin arrive.
« - Du calme Ambroise, il ne devrait plus tarder, Yann est parti à son encontre. »
L’Oncle Madeg regardait sa sœur en souriant d’un air léger et plutôt avenant, comme d’habitude. Petit, plutôt bedonnant, il donnait toujours cette impression de veiller sur sa famille. Il était le seul à pouvoir calmer la colère de sa sœur. Un homme bien, s’était surpris à penser Stenn, qui continuait à fixer le jardin du cottage pris dans la brume depuis la fenêtre. Il releva la tête et se redressa lentement.
« - Il est là ».
Gréghory regarde le cottage, descend de son cheval qu’un majordome entraine vers l’écurie. Il regarde Déjanire. Cette dernière ne sourit plus. Elle semble appréhender, elle aussi. C’est à son tour qu’il pose une main sur son épaule et lui offre un sourire fraternel, réconfortant.
« - Allons-y ».
La porte à double battants s’ouvre en grand, il entre. Plusieurs voix s’élèvent, plusieurs silhouettes s’inclinent.
« Monseigneur »