Une lettre cachetée de cire noire

Madame, monsieur,

Je suis Frehda Pilacier de Forgefer, naine de
mon état et fière représentante de la famille Pilacier. Vous devinez très
certainement la nature de ma lettre : je souhaite m’engager dans le
Printemps d’Alterac. D’aucuns me diraient trop jeune, en effet je viens de
finir ma formation, et selon les standards nains je ne suis qu’à peine à ma
majorité. D’autres me diraient sotte, car le Printemps est composé en grande
partie d’humains, et votre but premier est d’écarter la menace de la non-mort
des royaumes humains déchus, mais j’ai ouïe dire que vos rangs comptaient des
nains, et la présence du clan Foudre-Pique en Alterac ne peut que me pousser
dans cette voie.


Ainsi que je l’ai précisé plus haut, je suis
encore jeune, à peine adulte. J’ai passé ma vie entre les murs de l’imprenable
Forgefer, loin des menaces de l’extérieur, mais ma famille est une famille de
guerrier, et l’on m’a toujours destinée au champ de bataille. Ma petite taille,
même pour une naine, et ma silhouette chétive ont joué en ma défaveur dès les
débuts de ma formation, mais j’ai rapidement compris que c’était dans ces
points que résidaient mes plus gros atouts. Je suis rapide, silencieuse,
discrète et agile, j’ai suivi le chemin de peu d’autres nains, préférant
l’infiltration, le sabotage et l’espionnage au combat de front et à la force
brute. L’un et l’autre sont nécessaires pour gagner une guerre. J’ai appris à
me faire aussi silencieuse qu’un chat et aussi vive qu’un frelon. Il n’y a pas
une porte à Forgefer qui ait échappé à ma curiosité, exceptées bien évidemment,
celles du palais, de la banque et de l’ambassade des Sombrefer. J’ai délaissé
la chaleur et la lumière de la forge au profit de l’ombre des roches et des
recoins. Haches et masses ont vite perdu tout intérêt pour moi, les dagues
étant bien plus rapides et commodes à manier, et les couteaux silencieux et
léger ont remplacé le tromblon qu’un nain digne de ce nom se devrait d’avoir.
Assassin, voleuse, espionne, éclaireuse sont autant de mots qui me désignent.
On m’a versé dans l’art des poisons, l’immobilisation au lieu de la mort, bien
plus pratique pour soutirer des informations si vous voulez mon avis. La
diplomatie et le mensonge sont cependant deux aspects qui me font défaut.


J’étais douée, j’aurais pu arrêter ma
formation il y a des années, mais le perfectionnement n’est jamais superflu en
ces temps troublés, aussi ai-je attendu que l’on me dise assez mature pour
tracer ma propre voie. Une voie très restreinte, mais MA voie tout de même. On
me laissait peu de choix, il fallait que je trouve un idéal, une cause pour
laquelle je serais prête à mourir. On m’envoya à Hurlevent, pour rejoindre
l’armée et partir en Kalimdor, dans les Tarides. Je pensais mon destin scellé,
jusqu’à ce que je passe devant ce dispensaire aux abords du quartier
commerçant. L’étendard brodé d’or attira mon attention, puis l’imposante
affiche marquée de lettrines nettes. J’ai pensé à mes cousins Marteau-Hardis,
au clan Foudre-Pique qui menait un combat quasi-perpétuel en Alterac. Quoi de
plus honorable pour moi que d’alléger leur fardeau, et peut-être mener à la
victoire, en me battant sur un autre front. Plus que les Orcs, Taurens, Trolls
et ces affreux Gobelins, les Réprouvés sont une menace et un affront à l’œuvre
de la Lumière et de la nature, une engeance contre-nature qu’il faut éradiquer
avant qu’elle ne nous engloutisse tous. La Vie, ça c’est une chose pour
laquelle je suis prête à me battre et périr.


Je vous remercie de prendre en considération
ma candidature, et attendrais votre réponse avec impatience.





Sincères salutations.

Frehda Pilacier